Accueillir l’exclu, un appel aux chrétiens

Bob Ekblad

Préface de Jean Vanier

Editions Scriptura

2019

18.95€

J'aime lire des livres édifiants sur les miracles de Jésus aujourd'hui. Ces deux derniers étés, j’ai lu Quand la grâce abonde et Le chemin de la bénédiction, écrits par Ron Godwin et Dave Roberts, parus aux éditions Vida. Ils racontent les guérisons physiques et morales vécues dans une maison de prière, témoin d’un important réveil au Pays de Galles.

Accueillir l’exclu fait le récit d'un réveil aux Etats-Unis et en Amérique centrale, au milieu des prisonniers : des petites mains comme des caïds des cartels de drogue les plus dangereux de la frontière entre Mexique et Etats-Unis, celle dont on parle régulièrement aux informations à travers le mur de la honte.

Accueillir l’exclu est la traduction du livre anglais La belle porte, un concept de théologie auquel Bob Ekblad fait souvent référence pour expliquer sa démarche d’aumônier dans les prisons. Ce livre est le récit d’expériences spirituelles dans son ministère d’aumônier, de formateur avec la formation Aux marges en France.


Il parcourt avec son épouse Gracie et son équipe, les quatre coins du monde pour apporter l’Evangile aux exclus. Il y a un passage édifiant du livre qui raconte une tournée d’évangélisation dans l’un des pires quartiers de prostitution en Asie. Ce pasteur annonce la Bonne nouvelle avec compassion et amour aux marginaux sans minimiser le pêché et les chaînes qui oppressent les hommes.

Il s’adresse aux sans-abris de Seattle, aux migrants d’Afrique et d’Orient à Paris et noue des contacts avec des missionnaires présents sur le terrain. Un extrait raconte les miracles du Seigneur face à une injustice immobilière. Cette situation durait depuis longtemps après l’intercession d’une bénévole locale qui a été terrassée par des attaques de l’ennemi quelques jours après l’exaucement de ses prières. Cette anecdote fait réfléchir sur la formation spirituelle à entretenir pour s’engager dans un ministère aussi déterminant dans la vie quotidienne des gens.


Il faut avoir beaucoup de foi et une vie de prière riche pour affronter des situations qui dépassent tout entendement (des escaliers recouverts d’urine dans un squat où se réfugient des migrants à Paris). Dans ce livre de théologie, Bob Ekblad expose forcément ses opinions politiques sur la politique présidentielle aux Etats-Unis parce qu’elle le révolte dans sa manière d’exclure et de discriminer les minorités selon des critères raciaux : il critique le choix de la haine et de la revanche pour traquer les terroristes et ainsi entrer dans une escalade de la violence.


Le passage où il défend la situation d’un de ses paroissiens qui cherche à négocier afin de se rendre dans les conditions les plus équitables est saisissant. Bob Ekblad se heurte à la bêtise et au manque de compassion d’une responsable. Il s’est étonné lui-même de faire preuve de détermination et de totale assurance face aux menaces abusives de cette directrice de prison. Cette force lui vient de Jésus.

A la lecture de ce livre, nous nous apercevons rapidement que les hommes sont totalement dépassés par des phénomènes de migration d’une telle ampleur, seul Jésus peut faire des miracles encore et toujours. Ce livre nous apprend que les conditions de réinsertion dans la société civile des anciens prisonniers sont tellement contraignantes qu’elles entravent souvent leur recherche d’emploi. Le rôle du pasteur s’apparente alors à celui de médiateur social et sa tâche est loin d’être facile.


La force majeure de ce livre est le magnifique travail de traduction réalisé par l’éditeur. Moi lectrice, j’ai eu à de nombreuses reprises l’impression de vivre l’étude biblique en direct avec les prisonniers tant les émotions et les retournements de situation étaient fidèlement retranscrits.


C’est un livre qui va vous émouvoir tant il montre la fragilité, la vulnérabilité du cœur humain qu’on soit un grand malabar tatoué au fond d’une prison ou un petit innocent bien sous tout rapports sur les bancs de l’église chaque dimanche.


Le Seigneur s’adresse à tous quelque soit son milieu social, son casier judiciaire, son passé. Les contextes historiques, géographiques, politiques changent mais les mêmes ressorts diaboliques blessent les hommes qu’ils soient prisonniers, magistrats, pasteurs : la honte, la peur de l’erreur judiciaire…


J'ai aimé  la manière spontanée et immédiate dont les prisonniers acceptaient de recevoir la prière puis Jésus comme leur Sauveur et Seigneur comme ils l’attendaient de longue date. J’admire le courage de Bob Ekblad qui a cherché assidument le prisonnier blessé par balle que le Seigneur lui avait donné dans un rêve et d’avoir accepté de le suivre dans sa cellule, protégé par ses anges et non par les surveillants de prison.


Je vous recommande donc la lecture de ce livre important auquel je n’ai pas trouvé de défauts : les anecdotes racontées sous d’autres horizons encouragent avec force la foi dans les miracles de Jésus : rien n’est impossible à Dieu ni même la géopolitique compliquée et la pression des cartels de la drogue. Bob Ekblad et son équipe ont lancé une ferme de perma-culture qui permet la réinsertion des prisonniers.



L’éditeur de ce livre : les éditions œcuméniques Scriptura nous ont expliqué leur choix de publier ce livre : 

"Nous avons décidé de publier ce livre car Bob est un américain qui a vraiment compris la culture française. Ses réflexions sont très pertinentes et nous avions envie de les partager avec le public français. Il a une grande expérience de terrain avec des personnes dans une extrême exclusion. C’est une personne qui porte des fruits, il a une grande capacité de dialogue avec les gens de la rue, un talent pour sonder le cœur des gens. Il est très discret et anti-média, ce qui nous a plu aussi. Un peu comme Jean Vanier qui a d’ailleurs écrit sa préface. Bob évolue beaucoup en France et donne des cours sur le thème de l'exclusion en région parisienne. Il parle très bien français et commence à être connu dans les milieux grâce aux formations Aux marges qu’il dispense" .

Ce livre a renouvellé le regard que je pose sur les personnes qui mendient chaque matin ou quand je lis un article sur les migrants dans le journal. 

Margot Dimitrov