John Wesley. L ’homme qui ne voulait pas perdre son temps
L'auteur (désormais J.-L. P.) est docteur en histoire contemporaine, il préside la société d'étude du méthodisme français et a travaillé sur l'implantation du méthodisme en France de 1791 à 1940, thèse soutenue à Montpellier pour l'Institut Protestant de Théologie en 2018. Il est fort appréciable que les éditions Olivetan dans leur collection "Figures protestantes" aient choisi d'éditer une biographie sur J. Wesley aux côtés d'éminentes figures protestantes telles qu'Oscar Cullmann, W. Monod, J. Hus, R. Niebuhr et d'autres encore. Comment en effet faire l'impasse sur J. Wesley que l'auteur est "tenté" de qualifier dans sa conclusion (p. 118) du "plus grand des Réformateurs".
John Wesley.L'homme qui ne voulait pas perdre son temps,
Jean-Louis Prunier, Olivetan, 2022, 135 p. 15 €
Cette biographie est très agréable à lire sans que pour autant l'auteur ait sacrifié à la précision historique ou à l'analyse fine et tout en nuance des idées et de la théologie défendues par J. Wesley. A la lecture de cette biographie on est fasciné par ce personnage qui a traversé tout le XVIIIème siècle et qui n'a pas été épargné par les épreuves de son temps notamment les persécutions religieuses au sein même de l'église anglicane, église qu'il ne voulait pas trahir ni quitter.
Jean-Louis Prunier
J.-L. P. décrit très bien le contexte culturel du temps de Wesley, notamment les débuts de la révolution industrielle en Grande Bretagne avec toutes les conséquences sociales désastreuses au sein desquelles Wesley a pu porter une réelle espérance par sa prédication de l'Evangile. J.-L. P. n'oublie pas non plus de parler des désaccords entre John et son frère Charles sur la question de la consécration des pasteurs et des évêques méthodistes à l'étranger (chapitre 8) et sur les problématiques avec l'église anglicane. Cet aspect de l'ecclésiologie ambigüe du méthodisme à ses débuts - l'articulation impossible entre les groupements méthodistes et l'appartenance à l'église anglicane de par les sacrements - donne un formidable éclairage historique sur ce mouvement.
Conclusion : un livre remarquable qui donne au public francophone en peu de page, un panorama historique et des analyses théologiques précises sur la genèse et l'évolution du méthodisme au XVIIIème et qui ouvre la perspective sur les mouvements de sainteté et de recherche de la deuxième expérience qui ont traversé tout le XIXème et le début du XXème siècles. Le livre se termine par une bibliographie et un index des auteurs cités. Quoi qu'on pense de Wesley, ce livre nous démontre qu'il est bien de la trempe des Luther, Calvin, Bucer, Huss et consorts.
Thierry Rouquet
Présentation vidéo du livre par son auteur :