Croire en un Dieu invisible
L'auteur (T.C.) a exercé un ministère d'aumônier parmi des adolescents en grande difficulté dans des hôpitaux psychiatriques et aussi auprès de jeunes dans des prisons. Ce livre est le fruit des réflexions et des entretiens qu'il a eus avec ces jeunes. T.C. en a déduit la nécessité de n'occulter aucune question : " [...] toutes les questions étaient bonnes. Seule une question que l'on n'ose pas poser est une mauvaise question." (p. 91). Ce questionnement décomplexé sur Dieu est nécessaire par souci d'honnêteté envers ceux qui cherchent car "La croyance en Dieu doit être motivée par le souci de la vérité." (p. 18) et donc celui qui est sensé répondre à son interlocuteur ne doit pas se défausser, bien au contraire.
Croire en un Dieu invisible,
Timothy Cross, CLC, 2020, 96 p. 6 €
De la même manière que le doute est nécessaire pour fonder une foi authentique, T.C. encourage son lecteur sceptique à mettre en doute ses convictions d'athées avant d'affirmer que Dieu n'existe pas. T.C. rassure son interlocuteur "Reconnaissons d'emblée ceci : il n'existe pas de réponses faciles ! De vraies réponses ? C'est possible. Des réponses faciles ? Non." (p. 19)
Deux remarques critiques :
- Sur la question de la théodicée, une phrase équivoque mais logique quand on veut expliquer l'apparition du mal à partir de la notion de liberté nécessaire pour fonder l'amour "Je crois au contraire que le fait qu'il [Dieu] permette l'existence du mal est un bien suprême" parce que Dieu voulait "savoir si nous allions être capables d'aimer par liberté ... Chacun a le pouvoir de faire beaucoup de bien ou beaucoup de mal. Nous avons été créés ainsi." (pp. 38-39, c'est nous qui soulignons).C'est un argument que l'on entend couramment mais qui est plus que fragile.
- La position dispensationaliste de l'auteur qui n'est pas explicitée, ni argumentée. T.C., argumente de la véracité de la Bible par les accomplissements des prophéties comme la venue de Jésus Christ mais aussi des signes annonçant des événements précis des temps de la fin : création de l'état d'Israël en 1948, chiffre de la bête, gouvernement mondial, reconstruction d'un temple à Jérusalem etc... et d'ajouter : "il se pourrait bien que la génération qui assistera au retour de Christ soit la notre" (p. 69). Ces questions eschatologiques sont âprement discutées au sein de la communauté chrétienne, il me semble donc délicat de les convoquer ici comme arguments indiscutables pour défendre la foi chrétienne.
Conclusion : ce livre me semble surtout adapté pour des chrétiens qui douteraient de la fiabilité des textes bibliques. C'est un livre relativement court qui ne rebutera pas celles et ceux qui n'ont ni le temps ni la patience - et peut être aussi ni l'envie - de lire un livre hyper documenté et ardu sur le plan théologique ou scientifique. En annexe un tableau qui récapitule les titres utilisés dans l'A.T. pour qualifier Dieu et qui sont aussi revendiqués par Jésus et que les apôtres lui ont attribués (pp. 94-95).
Thierry Rouquet