Janvier rime avec BD : le prix international de la BD chrétienne d ’Angoulême
Chaque année a lieu en même temps que le festival international de la BD d'Angoulême, le prix de la BD chrétienne. De nombreuses expositions et conférences se déroulent dans les églises catholiques et protestantes de la ville.
Cette année, le jury a primé le roman graphique John Bost, un précurseur, écrit par Vincent Henry et dessiné par Bruno Loth. J'ai eu l'occasion de rencontrer ces deux auteurs talentueux à la sortie du livre en février 2017. L'album a même été dédicacé aux lecteurs de la librairie 7ici...
John Bost, un précurseur, Vincent Henry et Bruno Loth, éditions La Boite à Bulles, 22€
Ce roman graphique est tout sauf une hagiographie du pasteur John Bost (un genre littéraire biographique qui mettrait en avant le caractère de sainteté d’une personne) mais bien un portrait sensible et authentique, qui n’élude pas ses défauts, ses tourments et ses doutes....
Retrouvez la totalité de la chronique de cet album ici
2018 commence avec de nouvelles pépites dans le domaine de la BD chrétienne à l'image du dernier volet de la série Le Voyage des Pères de David Ratte, édité par Paquet.
Après Barabbas (tome 4) et Moshé (tome 5), il conclut cette épopée biblique avec Salomé, Amos et les autres (tome 6).
Barabbas est le célèbre brigand qui a été gracié par Ponce Pilate grâce à la vindicte populaire. On envoie Jésus mourir à la croix à sa place. Lui et son frère Moshé ont du sang sur les mains. Ils harcèlent les légions romaines, vivent à la petite semaine sans se fouler.
Ils sont sans foi, ni loi et se mettent souvent dans les pires mauvais coups. L'enlèvement du consul romain Polus Botus est mené n'importe comment et il aura de graves conséquences: quelqu'un assassine cet homme puissant pendant une nuit (l'épilogue dévoilera la chute de l'histoire); Salomé, la fille dont est amoureux Moshé est emprisonnée par les Romains par leur faute, violentée par ses géoliers et conduite au cirque pour être dévorée par les lions avec d'autres chrétiens...
Le voyage des Pères est une bande dessinée grand public, éditée par une maison d'édition généraliste, non spécialisée dans le livre religieux et pourtant le lectorat non chrétien y trouve pleinement son compte. Il est utile d'avoir une bonne culture judéo-chrétienne en général pour comprendre les sous-entendus humoristiques.
Dans les tomes précédents, les références à Jésus étaient de simples allusions ou des flash-backs très efficaces. David Ratte emploie les Evangiles et non la religion chrétienne comme matière première à son intrigue.
Et dans ce dernier tome, l'auteur parle ouvertement de la résurrection de Jésus et du tsunami émotionnel que cela provoque dans tout le pays. Même dans la maison de Ponce Pilate, son épouse Claudia Procula, celle qui a fait un rêve pendant le procès de Jésus (Matthieu 27 verset 19) évangélise la veuve du consul assassiné. Cela donnera lieu à une scène d'une grande intensité dans le fil de l'histoire.
Salomé, Amos et les autres : Claudia Procula, la femme du consul assassinée, une petite servante qui s'est fait fouettée par le consul pour avoir prié Jésus.... ce sont tous ces gens qui ont vu leur vie changée par la rencontre de Jésus... Tous à un moment ou à un autre rejoignent le chemin des disciples qui ont la lourde tâche de diffuser l'Evangile dans l'empire romain.
J'ai particulièrement aimé la scène où Moshé rencontre Matthieu et les autres disciples. Il se croyait indigne, impardonnable et Matthieu lui enseigne la Bonne Nouvelle...
On y voit aussi le vieux Jonas, celui du premier tome qui recherche ses fils, les disciples. Il a changé d'état d'esprit, le message de Jésus l'a transformé. C'était d'ailleurs le fil conducteur de cette série : comment les familles des apôtres ont réagi au phénomène Jésus.
Retrouvez l'interview de David Ratte qui explique comment il a crée cette série commencée en 2007 :
Le voyage des Pères est une série de10 volumes, 200 000 exemplaires ont été vendus depuis 2007 :
5 bonnes raisons de lire Le Voyage des Pères
- du beau dessin : la subtilité des visages, des décors. David Ratte a recrée l'univers domestique et géographique des contemporains de Jésus.
- la finesse psychologique des personnages quand ils sont touchés par le message de Jésus parmi les foules. david Ratte sait dessiner l'expression de la foi.
- un humour doux-amer, même caustique parfois qui fait la part belle aux anachronismes et qui décape l'image désuète des Evangiles que peut avoir le grand public du catéchisme.
- l'emploi très efficace du flash-back qui vient envahir les pensées de Barabbas, de la femme du consul romain: le visage de Jésus innocent crucifié les place face à leurs mauvaises actions.
- le moyen de présenter à nos proches non-chrétiens le Jésus qui a changé nos vies, celui dont nous sommes éperduement épris...
Margot Dimitrov