Science et théologie : L ’univers offert
L’univers offert – Astrophysique et création, Arnold Benz
Olivétan, 2015, 208 p. 20 €
Le professeur Arnold Benz (Institut d’astronomie de Zurich en Suisse) est un spécialiste de l’exploration des étoiles et des planètes en formation à travers les satellites de l’ESA et de la NASA. Membre de l’Académie européenne des Sciences, ancien président de la Division II de l’Union astronomique internationale, il est l’auteur notamment du livre «L’avenir de l’Univers» traduit en plus de dix langues.
Qui ne s’est jamais interrogé sur la création de notre planète, sur celle de l’Univers, sur les astres qui nous entourent, sur les étoiles?
Nuages interstellaires, nuages moléculaires ont un secret mais lequel? Arnold Benz a écrit «L’univers offert» pour tous, pour rendre compréhensible ce qui ne le serait pas en termes scientifiques. Ce spécialiste de l’exploration des étoiles et des planètes, captive page après page, notre attention et nous offre notre univers.
Il existe environ 6.000 nuages moléculaires géants dans notre galaxie et dans chacun d’eux des milliers, voire des millions d’étoiles. Le nid où naissent les étoiles reste aussi mystérieux qu’il y a des centaines d’années.
Newton (1643-1727) partait de l’idée que les étoiles étaient immobiles dans l’espace. On ignorait alors leur incroyable vitesse. Il se heurte à des critiques virulentes de la part de Leibnitz (1646-1716) qui ne comprenait pas que Dieu n’avait pas créé un univers ne nécessitant «aucun entretien».
L’univers n’est pas un mécanisme réglé comme une horloge qui dès sa création, suit un «tic-tac» régulier. La plus grande part de l’oxygène que nous respirons provient d’étoiles de l’époque précoce de l’univers, éteintes depuis longtemps.
L’univers a débuté, comme différentes observations le suggèrent, par un Big-Bang, il y a environ 13,7 milliards d’années. Ce scénario est généralement accepté par les spécialistes, même si l’incertitude des théories augmente au fur et à mesure que l’on s’approche de l’instant zéro. N’entrent en ligne de compte que les phénomènes qui peuvent être mesurés de façon objective. C’est sur ce choix que repose le succès des sciences.
Voilà ce qu’écrit Arnold Benz à propos du Big Bang et d’une interrogation divine à son sujet: j’ose affirmer qu’une explication religieuse du Big-Bang est une piste erronée du point de vue théologique. Chercher Dieu dans le domaine du Big-Bang paraît vain.
Les écritures les plus anciennes de la Bible sur la Création sont les Psaumes. Les psalmistes se laissent directement interpeller par le soleil, les fleuves, les animaux et les arbres.
Le message central du Christianisme au monde est un message d’espérance où même la déchéance et la mort n’ont pas le dernier mot. Pâques sert d’exemple pour montrer que les catastrophes ne signifient pas forcément l’échec final. L’événement de Pâques est devenu l’exemple type de la foi chrétienne de la Création. Les récits de création visent à transmettre un sens, un ordre et à donner un repère.
Aujourd’hui, nous savons que l’univers est 10 milliards de billions de fois plus grand qu’une montagne.
Tout cela change-t-il quelque chose de qualitatif à notre conception de Dieu? La réponse d’Arnold Benz est affirmative.
Tout ce que nous atteignons aujourd’hui disparaîtra mais disparaître ne signifie pas que les choses vont vers le néant.
Les sciences et la théologie ne sont pas des théories mises en concurrence pour expliquer la formation de l’univers ou celles des êtres vivants. Ce sont des types de perceptions différentes qui justifient les explications scientifiques et les déclarations théologiques dissemblables.
Que va devenir la Terre? L’homme? Une autre planète pourrait-elle être viable? Sommes-nous seuls dans l’Univers? Autant de points qu’Arnold Benz aborde dans cet ouvrage avec beaucoup de simplicité. Il le termine par ces lignes:
C’est la perception directe de la réalité qui m’interpelle régulièrement et qui m’incite à m’interroger. Je ne m’étonne plus de la taille de l’univers mais je suis de plus en plus subjugué par le simple fait de prendre conscience de moi-même dans une oasis fleurissante au milieu de cet espace immense.
Je ne pensais pas découvrir dans ce livre autant de poésie. Depuis que je l’ai refermé, je regarde le ciel autrement. Je le recommande vivement.
Elisabeth LOUSSAUT
*"L’Univers offert" a valu à Arnold Benz le grade de docteur honoris causa de l’Université de Zurich pour ses travaux interdisciplinaires en Science et Religion.
Deux «classiques» sur le thème foi et sciences permettent (entre autres) de poursuivre la réflexion:
«Révélation des origines» par Henri BLOCHER (Presses bibliques Universitaires – 3e édition 2001
«Petit traité pour le commencement de toutes choses» par Hans KUNG (Seuil – Juillet 2005)
Illustration : © Nasa Ames, W. Stenzel