Rien que l´amour - Repères pour le martyre qui vient
"Rien que l´amour. Repères pour le martyre qui vient"
Martin Steffens, éditions Salvator,
90 pages, 10 euros
Voila un texte sorti tout droit des entrailles de l’auteur. Dès la première page, Martin Steffens, prix de l’humanisme chrétien 2013, avertit: «Le texte que vous tenez entre vos mains, c’est lui qui m’a travaillé en profondeur. Il a insisté pour exister» (page 1).
Cette réflexion menée par un chrétien agrégé de philosophie sur la violence islamique radicale dans le monde s’exprime par un jaillissement, une éruption de mots qui tisse un paysage chaotique où la peur le partage à l’amour. Oui, à l’intérieur de cette trame sombre serpentent les deux brins enlacés d’un fil rouge (celui du sang de la guerre, celui du sang de la croix du Christ), souligné par les chapitres à l’entête révélatrice. Suivons ce fil rouge.
Premièrement : la menace
Elle a mille noms, mille visages. Bokoaram, Daech, Mossoul, Palmyre, exécution, crucifixion de chrétiens, charria, Etat islamique … Cette accumulation pèse, elle fait plier le chrétien. C’est la menace et comme le dit l’auteur «Bref, quand on sait le monde aujourd’hui, qu’on se sait dans le monde, mais non pas du monde: que faire?»(p 45)
Deuxièmement : la guerre
Se battre pour faire face à la menace? Mais alors comment réagir à cette parole du Christ «qui prend l’épée périra par l’épée (Mt 26 52-p 56)»
Troisièmement : la soumission
S’il n’y a pas de combat, doit-on se soumettre? Là aussi, l’auteur invoque la parole «mais le père devant sa maison nous a dit que nous étions non des serviteurs, mais des fils.» (p 65)
Quatrièmement : le martyr
Contre la guerre, comment ne pas prendre l’épée et ne pas se soumettre? Parviendrais-je à dire, avec le Père Charles de Foucault: «pense que tu dois mourir martyr dépouillé de tout, étendu à terre, méconnaissable, couvert de sang et de blessures, violement et douloureusement tué, et désire que ce soit ce soir.» Il fut exaucé à la lettre. «Quand c’est Dieu qu’on demande, on reçoit Dieu. Toujours» (p 79).
Cinquièmement : l’envoi
L’envoi: invitation à prendre le chemin d’un voyage intérieur, balisé par la guerre, la soumission, le martyr, avec comme boussole ce livre fort, dense, qui nous invite au dépouillement en ne gardant «Rien que l’amour», afin de donner un peu plus de champ au royaume de Dieu (p 90).
Jean Luc Bonnet
Ce livre a reçu le prix du SLLR (Syndicat des libraires de littérature religieuse). Il a été remis à l’auteur lors du dernier salon du livre de Paris, le jeudi 17 mars 2016.
Du même auteur: «Petit traité de la joie», Salvator, 2011; «Vivre ensemble la fin du monde», Salvator, 2012; «La vie en bleu», Marabout, 2014.