La splendeur de la sainteté
L’auteur (désormais J.P.) est pasteur d’une église réformée en Caroline du Sud, la « Christ Church Presbyterian » membre de la P.C.A. « Presbyterian Church in America » une dénomination de tradition réformée évangélique. Le titre général du livre pourrait induire en erreur car il ne s’agit pas tant dans ce livre de la sanctification que de liturgie réformée, c’est d’ailleurs le sous-titre qui le dit explicitement : Redécouvrir la beauté du culte réformé. Le livre s’ouvre par un chapitre sur la raison d’être de la liturgie avec une critique en règle de la liturgie de certains – pour ne pas dire la majeure partie d’après J.P. - cultes évangéliques que l’auteur qualifie de « carrément informelle, présomptueusement novatrice et bibliquement appauvrie » (p. 14). Ce trait, que J.P. estime caractéristique des cultes évangéliques, est régulièrement rappelé tout au long des chapitres. La cause « l’abandon de la liturgie centrée sur Dieu et inspirée de la Bible » (p. 14).

La splendeur de la sainteté,
Jon D. Payne, La Rochelle, 2023, 111 p. 15 €
Les différents chapitres du livres déclinent tous les aspects de la liturgie réformée dans le but de donner du sens à chaque moment du culte, que ce soit l’introduction qui est un appel de Dieu à l’adorer, le chant des psaumes, la lecture de la Bible, la confession des péchés, l’assurance du pardon, la profession de foi (crédo, symbole de la foi), les offrandes, la prédication de la Parole, les sacrements, la bénédiction finale qui n’est pas un simple « adieu » mais « un engagement du Dieu bienveillant qui est à la source de notre salut » (p. 97).

Jon Payne
Le livre se termine par deux appendices : un sur la légitimité de se réunir le jour du Seigneur en relation avec le sabbat tel que le définit le texte de la Genèse comme étant le jour où Dieu s’est reposé, ce jour étant donc une institution créationnelle qui n’est pas abrogée dans la nouvelle alliance même si l’évangile lui donne une portée plus profonde. Le deuxième appendice concerne la toute-suffisance de la Bible.
Deux remarques : dans le chapitre 2 « La préparation à l’adoration en public », J.P. développe la doctrine du principe régulateur concernant la liturgie à savoir que, pour préserver une authentique adoration tel que Dieu la veut, la forme du culte (la liturgie) doit être explicitement fondée sur des prescriptions bibliques (pp. 20-24). Autrement dit, en matière de liturgie on ne doit rien faire d’autre qui ce qui est explicitement prescrit et commandé dans les Ecritures, toute autre forme non prescrite serait à bannir du culte. L’autre principe liturgique, le principe normatif – qui n’est pas mentionné par J.P. - moins contraignant, part de l’idée qu’on ne doit pas faire que ce qui est explicitement interdit et laisse donc une certaine latitude à ce qu’on nomme les adiaphora (les choses « neutres »). Autrement dit ce qui n’est pas explicitement opposé ou contraire aux prescriptions bibliques peut être envisagé pour le culte sans que pour autant cela puisse dénaturer l’adoration telle que Dieu la veut. J.P. d’une part ne donne pas d’alternative au principe régulateur qu'il préconise puisqu'il ne lui oppose pas les arguments de la position du principe normatif et d’autre part, J.P. prend appui sur le puritain John Owen alors que celui-ci envisageait plutôt un principe normatif (cf l’article de P. Wells "La forme liturgique du culte réformé" in La Revue Réformée, No284, 2017/5).
Le deuxième chose est qu'il serait tout de même préférable que les auteurs de littérature chrétienne donnent des titres qui correspondent au contenu du livre, cela éviterait que les personnes ayant acheté un livre ne soient pas frustrées en découvrant que le sujet traité n'est pas du tout ce que le titre suggérait. On peut le comprendre pour la littérature romanesque mais difficilement pour des ouvrages de théologie.
Conclusion : j’ai particulièrement apprécié l’idée que le culte public où l'assemblée est réunie le dimanche matin, demande à chacun des membres de la communauté de s'y préparer tout au long de la semaine pour que ce temps de réunion plénière soit un temps de bénédiction où Dieu est vraiment glorifié parce qu’adoré en réelle communion d’esprit. Le deuxième point fort de ce livre est que J.P. explique clairement le sens et la profondeur des différents aspects de la liturgie, démontrant ainsi que les gestes et symboles chrétiens hérités des siècles passés de la tradition chrétienne, ont du sens et sont toujours autant pertinents aujourd'hui.
Thierry Rouquet