Penser le doute, le raconter et/ou l’accompagner, tel est l’objet de cet ouvrage collectif. « La mondialisation fait que chacun est confronté à un vaste marché de croyances disponibles, ce qui relativise toutes les approches religieuses. » (p.7)

 

                                                                     

   

 L’ombre d’un doute, Vivre et penser la précarité de la foi,

Daniel Frey, Isabelle Grellier-Bonnal et Marc Vial (éd.), Labor et Fides, Genève,2024, 221 p. 19 €

   

Théologien, philosophe, psychologue, sociologue, aumônier des hôpitaux ou moine, les auteurs de ce livre se penchent sur la question de la foi et de l’accompagnement spirituel et/ou psychologique d’une multitude de femmes et d’hommes dont les certitudes religieuses sont ébranlées par la sécularisation galopante de nos sociétés modernes.

 

                                     

 

Daniel Frey, Isabelle Grellier-Bonnal et Marc Vial

   

Chacun(e) aborde à sa manière les sujets délicats et controversés du doute en tant que puissance corrosive, de la construction ou de la reconstruction de la foi, voire de la déconversion. « Penser sa foi exige en même temps de penser le doute, ces deux réalités formant un couple sans doute indissociable dès que la foi cherche à se comprendre elle-même. » (p.8)

    

Selon les auteur(e)s, penser sa foi, c’est « décaper nos images de Dieu » (p.141), accepter d’être désécurisé lorsque le doute s’immisce dans nos vies, et revisiter les textes bibliques sans évacuer ceux qui parlent de personnages tourmentés par le doute. C’est aussi se souvenir du rôle révolutionnaire du Christianisme au cours des siècles, « ferment de doute par rapport à des régimes à prétention totalitaire. » (p.171)

    

Penser sa foi, c’est aussi garder un esprit critique vis-à-vis des enseignements reçus : « il est possible d’avoir maints doutes sur le plan des doctrines tout en gardant une confiance profonde en Dieu et en sa grâce. » (p.127)

   

C’est seulement ainsi que l’on peut éventuellement passer du doute à la confiance en vivant la foi comme un cheminement communautaire en compagnie d’autres hommes et femmes avec qui l’on peut partager en toute sincérité à la fois sa foi et ses doutes.

    

Car « le doute peut nous entraîner dans la nuit, pour lutter avec l’inconnu, l’inquiétant (comme le patriarche Jacob en Gn 32), mais il peut aussi nous révéler à nous-mêmes et donc mettre en lumière nos vies, faire apparaître ce qui, sans lui, resterait flou ou obscur. Il revient alors à l’accompagnant ou accompagnante d’être comme un veilleur ou une veilleuse de l’aube, entre le clair et l’obscur, tantôt cheminant patiemment avec l’autre dans sa nuit, tantôt se réjouissant avec l’autre de la lumière que répand le jour. » (p.207-208)

  

Anniel Hatton