Sur l❜Esperance
La pasteure Janique PERRIN est responsable de la formation des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure en Suisse. Elle a soutenu sa thèse de doctorat en 2020 : « Traduire l’espérance chrétienne pour aujourd’hui : littérature contemporaine et théologie en dialogue »
Les Editions Labor et Fides publient ses recherches dans une version remaniée et raccourcie de sa thèse : « SUR L’ESPERANCE. La faiblesse du temps ».
Sur l❜esperance
a faiblesse du temps
Janique PERRIN
Editions Labor et Fides, 2021
160 pages, 18 €
L’espérance chrétienne, fondée sur Jésus-Christ et au cœur de la foi des croyants,reste en arrière-plan de ce livre. Mais à peine l’a-t-elle évoquée que l’autrice se demande si nos contemporains en comprennent encore le contenu. Elle suggère alors d’élargir son regard aux espérances variées des êtres humains au cours de leur existence. Pour elle, cette prise en considération des autres voix d’espérance est une richesse pour penser l’espérance chrétienne.
Janique PERRIN
Le projet de nouer un dialogue entre la littérature et la théologie pour dire l’espérance nait lorsque Janique Perrin prend conscience que des œuvres littéraires non religieuses racontent l’espérance, sans même en prononcer le mot, sans même se référer à la foi. Parce quel’espérance est liée à la souffrance et à la mort, les œuvres littéraires peuvent aussi être porteuses de messages d’espérance.
L’idée d’engager un tel dialogue s’ancre d’abord dans son expérience de lecture et dans une intuition, donc dans des éléments subjectifs et empiriques. Dans une note, Janique Perrin qualifie sa démarche d’expérientielle. Elle explique par ailleurs ses choix (quelques œuvres littéraires contemporaines) et sa méthodologie (une analyse qui va des œuvres littéraires à l’espérance et non l’inverse.)
L’autrice choisit quatre textes pour enquêter sur ses observations : Le lambeau de Philippe Lançon, Le patient anglais de Michael Ondaatje, Ne bouge pas de Margaret Mazzantini et un passage de l’Evangile de Marc narrant la guérison d’un homme possédé (Marc 5, 1-20). Les lecteurs qui ne connaissent pas ces récits ne seront toutefois pas perdus car elle les résume ou en dégage tous les éléments utiles à la compréhension de son raisonnement.
Elle s’appuie sur plusieurs théologiens (Kathryn Tanner, Jürgen Moltmann, Karl Rahner, Dietrich Bonhoeffer…) et se réfère souvent à Paul Ricoeur.
Dans les récits de son parcours littéraire, l’autrice repère un hors langage qui s’ajoute au langage et offre un surplus, voire un dépassement de sens. Elle parle alors de « texte augmenté », notion qu’elle définit et pense dans le cadre d’une rencontre entre littérature et théologie sur le surgissement de l’espérance.
Elle décrit l’expérience de lecture du texte augmenté en trois temps : la réception, l’élévation et l’appropriation (qui peut déboucher sur l’agir). Elle la partage avec ses lecteurs.
L’auteur conclut ses travaux en affirmant la valeur de toutes les façons d’espérer. La centralité christologique de la pensée théologique sur l’espérance n’exclut pas un dialogue avec d’autres manières de penser l’espérance. La théologie souligne l’importance de Jésus-Christ. La littérature révèle des modes d’espérance différents. Et les passerelles entre les deux touchent à la souffrance, à la mort, à la survie, etc. …
Janique Perrin termine son essai avec son propre choix et la place centrale de la résurrection du Christ dans sa réflexion. Elle fait sienne la formule d’adresse de la première épître à Timothée : Christ est mon espérance.
L’écriture de ce livre reflète la part d’insaisissabilité de l’espérance. Il faut suivre l’autrice pas à pas pour bien la comprendre et ne pas dénaturer son propos : elle guide son lecteur au fil des pages avec subtilité et précision.
L’ouvrage est dense et universitaire. Il s’adresse donc à un public averti, ouvert à la littérature ou à d’autres formes d’expressions artistiques, parce que toutes peuvent dialoguer avec la théologie, que ce soit sur le thème de l’espérance ou d’autres thèmes.
Brigitte EVRARD
Vidéo de présentation par l❜autrice :