Captive des indiens
Comment vivre, ou plutôt survivre, quand on est prisonnière sans espoir à vues humaines d’une libération prochaine ? La foi chrétienne permet-elle de tenir bon dans l’épreuve, le deuil, la solitude, la faim, et l’angoisse du lendemain ? C’est là le dilemme de l’auteure, femme de pasteur, enlevée par les indiens au temps de la conquête sanglante de l’Ouest américain. Séparée des siens, ballotée de lieu en lieu suivant les pérégrinations de la tribu qui l’a enlevée, Mary Rowlandson lutte pour ne pas sombrer dans la dépression en s’accrochant aux textes bibliques qu’elle a mémorisés et qui l’ont nourrie jusqu’ici.
Captive des indiens,
Récit d’une puritaine de Nouvelle-Angleterre enlevée en 1675,
Mary Rowlandson, Calvin Editions, Alès, 2023, 187 p. 13.90 €
Témoignage de vie et de foi, ce livre est aussi à la fois une description des coutumes et de la vie des amérindiens de la deuxième moitié du 17è siècle et de l’attitude des colonisateurs anglais face à la résistance armée des autochtones dont ils envahissent les territoires ancestraux.
Mary Rowlandson
Outre l’aspect témoignage de ce texte, ce qui m’a semblé particulièrement intéressant dans cet ouvrage, ce sont la préface et la présentation du texte original par des professeurs de l’Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines. Ils posent en effet les questions de la barbarie (vient-elle des indiens ou des anglais ?), « de la solidarité humaine, qui transcende l’état social » (p.69), de la vision de l’autre différent de soi (p.35 et note 22 p.30), ou de la notion de remémoration-commémoration (typique du protestantisme, p.19). Ils reconnaissent le fait que, chez les protestants, la Bible a été, et est encore, au centre de leur vie spirituelle, et qu’elle a aussi « été, en France, un ferment de laïcité. » (p.12)
Anniel Hatton,
Vidéo de présentation de Mary Rowlandson en anglais avec sous titres français :