Nous sommes démoralisés ! Perte du moral ou de la morale ?

 
Perte de la morale répond le sociologue Gérard MERMET, directeur du cabinet d’études et de conseil Francoscopie. Il analyse depuis près de quarante ans les changements de la société et publie aux Editions Empreinte Temps Présent « LE CONTRAT VITAL. Pour un monde moral et durable »

 

 

 

LE CONTRAT VITAL
Pour un monde moral et durable
Gérard Mermet
Editions Empreinte Temps Présent – 2022
372 pages – 18.00 €

  
Mais de quelle morale parle-t-il ? D’une morale au sens large : des valeurs, attitudes, comportements ou usages acceptés par une grande partie de la société, des convictions et des principes guidant la vie personnelle et collective de chacun, de règles implicites et non de lois explicites, d’une morale laïque commune qui n’exclut pas une morale religieuse, d’une morale planétaire …. L’auteur est agnostique et il a pris soin de le préciser dès les premières phrases du livre.

 

 

 

Gérard Mermet

 
Est-ce vraiment utile d’avoir une morale ? Oui pour Gérard Mermet qui en démontre l’impérieuse nécessité pour relever les défis mettant en danger notre environnement global et nous-mêmes. Le constat sur l’état du monde fait l’objet des trois premières parties du livre, introduites en ces termes : « Alerte rouge ! ». Et les titres des chapitres en disent long.

 
• L’état des lieux décrit une planète en danger et une humanité menacée
• L’état des forces montre l’impuissance des institutions (quelle que soit la nature du régime),

 

l’insuffisance des religions, l’ambivalence de la science (au service du meilleur comme du pire), la démoralisation des individus- citoyens.

 
• L’état d’esprit constate la multiplication constante des droits de chacun et l’oubli des devoirs accompagnant ces droits

 
Chaque thème abordé l’est de façon synthétique, avec des paragraphes très courts et clairement titrés. Le lecteur prend donc rapidement et facilement conscience de la situation, sans se perdre dans de longs développements ou trop de chiffres. Certains termes sont même explicités dans les notes en bas de page.

 
Toute l’érudition de l’auteur apparait avec de nombreuses citations et références, issues des penseurs et chercheurs du passé ou d’aujourd’hui.Gérard Mermet énumère les dix grands défis à relever, synthétise les scénarios issus de la coopération ou au contraire de l’absence de coopération. Il conduit son lecteur dans une réflexion incontournable.

 
Il plaide dans une quatrième partie pour un contrat vital qu’il inscrit dans la pensée ancienne du contractualisme, plus tard théorisée par Jean-Jacques Rousseau (« Le contrat social ») et par Michel Serres (« Le contrat naturel »).

  
Enfin, en cinquième partie, il expose concrètement son projet, ses objectifs et son contenu, allant même jusqu’à proposer un texte comme base de travail. On ne fermera pas son livre sans avoir mémorisé ce qu’il écrit et développe plusieurs fois au fil des pages, par exemple : les hommes ont la responsabilité entière de leurs actes et de leurs conséquences, l’intérêt général doit dépasser les querelles de tous bords, il faut assumer davantage de devoirs, il est nécessaire de rembourser les nombreuses dettes que nous avons contractées vis-à-vis de notre environnent et de l’humanité …

 
Pour bien comprendre le contrat vital, de nombreux passages en décrivent les principales caractéristiques : une vision humaniste et globale du monde, une actualisation du contrat social et du contrat naturel, une référence commune, un guide, viatique ou aide-mémoire, une utopie nécessaire mais réalisable, un projet élaboré en vue d’une « vie bonne », des propositions concrètes qui motivent et qui favorisent les relations à soi et aux autres, une morale positive mais  pas un ordre moral, une éthique mais pas une religion, etc.

  

Un récit équilibré, des prises de position expliquées, un point d’étape sur des réalités difficiles, une prospective intéressante … Voici quelques-unes des raisons pour lire ce livre et imaginer comment changer l’avenir.

 
Brigitte EVRARD

 

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