Les grandissants
Les Editions Labor & Fides publient le dernier livre de la théologienne protestante Marion MULLER-COLARD : « LES GRANDISSANTS », un court essai de 88 pages sur l’adolescence, une période de la vie que traversent ses deux fils. Ils sont « les grandissants », ceux qui ne sont pas encore des adultes et ne sont plus des enfants.
LES GRANDISSANTS
Marion MULLER-COLARD
Editions Labor & Fides – 2021
88 pages -15 €
En fil conducteur de ses réflexions, Marion MULLER-COLARD utilise la parabole du fils prodigue.
Mais elle ne s’intéresse pas aux interprétations spirituelles. Elle s’attache simplement à la situation décrite. Elle lit de façon littérale le récit qu’elle traduit elle-même : « Un homme avait deux fils.Le plus jeune d’entre eux dit à son père : “Mon père, donne-moi la part de subsistance (ousia) me revenant. Et il leur partagea le moyen de vivre (bios)……… »
La démarche est donc originale !
Les lecteurs sont interpelés d’une part sur la demande du fils cadet (sa ousia, un mot si difficile à traduire qu’il touche sans doute au registre de l’avoir comme au registre de l’être), d’autre part sur la réponse du père (le bios, quelque chose qui a trait à la responsabilité de sa propre vie). Ils sont aussi invités à s’attarder sur la situation du père : rester.
Derrière l’histoire biblique surgissent les grandissants avec leurs certitudes et leurs demandes délicates à interpréter, les questions de transmission, les séparations nécessaires, l’attitude des parents ……
Le fils va dilapider sa part de subsistance hors de la vue du père. De cette immodération, on ne sait rien si ce n’est qu’elle aboutit à placer le fils au rang des porcs. L’espace est immense pour que les grandissants se perdent note alors l’autrice qui réfléchit sur les traversées difficiles de l’adolescence, la vie qui se gagne à condition qu’on accepte de la perdre, la confiance du père …
Un itinéraire passionnant !
Les allusions à son expérience familiale illustrent et rendent concrets les propos de l’autrice.
Et les références à ceux qui l’ont nourrie pour cet essai sont nombreuses : Paul Baudiquey commentant le retour du fils prodigue de Rembrandt, Maurice Bellet et Paul Tillich, Marcel Pagnol et Serge Reggiani, Claire Marin, Roland Barthes et bien d’autres, tous cités dans des notes en fin de page.
« LES GRANDISSANTS » est un éloge de l’adolescence, « cet âge qui ne mérite pas la terrible réputation qui lui est faite » selon Marion MULLER-COLARD.
Un livre à lire pour sa profondeur et son optimisme. Et pour les talents d’écriture bien connus de l’écrivaine.
Brigitte EVRARD