Communiquer l ’Evangile aujourd ’huiac
L'auteur a une longue expérience en tant qu'évangéliste aussi bien dans sa propre église locale que dans son ministère itinérant dans de nombreuses églises francophones. Son but au travers de ce livre est vraiment d'encourager les chrétiens et tous les responsables d'église à exprimer aussi bien en actes qu'en paroles l'évangile de Jésus Christ tout en prenant au sérieux notre façon de le communiquer. Lui même ne cache pas ses échecs passés et présents mais il souhaite communiquer à l'Eglise de Jésus-Christ un point très important qu'il a découvert après de sérieuses remises en question : la façon dont nous communiquons l'évangile est important justement parce que son contenu est décisif pour ceux qui l'entendent. L'évangile n'est pas de la poudre à laver, une lessive dont on pourrait faire la publicité sans tenir compte des moyens et du style employés pour en parler : "Dans notre enthousiasme, nous oublions une chose : la manière dont nous communiquons dit quelque chose de ce que nous communiquons." (p. 12, c'est l'auteur qui souligne). Marc Van De Wouwer est convaincu que Jésus nous confie non seulement le contenu du message mais aussi la façon de le communiquer.
Marc Van De Wouwer,
Communiquer l'Evangile aujourd'hui,
blféditions, 2020, 161 p. 14.90 €
La première partie du livre est consacrée à définir s'il y a un modèle de communication de l'évangile, des principes et des façons de faire qui seraient applicables aujourd'hui avec toujours cette problématique : comment communiquer fidèlement et de façon pertinente un message qui ne change pas, qui n'est pas négociable, dans un monde qui varie continuellement ? L'auteur est convaincu que c'est justement en étant fidèle à ce message que l'Eglise sera sel et lumière pour les nations, encore devra t'elle se laisser interpeler par la compassion qui partout se donne à voir comme un appel à la proclamation ET à l'action.
Marc Van De Wouwer
La deuxième partie du livre "Ma place dans le monde" démontre que tous les membres d'une église locale peuvent participer à cette annonce, les courageux comme les plus timorés car chacun est un témoin de Jésus pour peu qu'il découvre sa place. En effet, si tous ne sont pas des évangélistes au sens de Act 21, 8, Eph 4, 11 et 2 Tim 4, 5, tous sont des témoins.
La conclusion du livre vient illustrer le propos de l'auteur par une histoire, le scénario fictif d'un couple qui découvre petit à petit la foi pour finalement se convertir et intégrer une église. L'auteur précise que si ce scénario est fictif néanmoins il "s'inspire de situations et de personnes rencontrées par l'auteur ou par sa communauté." (p. 144)
Une remarque : Il faut reconnaitre l'écueil possible du copier-coller quand on cherche un modèle dans la Bible. La difficulté étant de dégager du modèle le principe normatif qui pourra se décliner à toutes les époques. La question "Comment faisait Jésus ?" (p. 81) est certainement nécessaire, encore que certaines paroles et actes de Jésus (ou même ceux des apôtres) ont leur spécificité dans l'histoire du Salut. C'est peut être là que l'auteur bute contre certaines difficultés. Par exemple (p. 82) pour montrer comment Jésus est un modèle de proximité dans son approche des gens, l'auteur cite les textes de guérisons miraculeuses où Jésus se laisse "toucher" par ceux qui viennent à lui. L'auteur de conclure : " Par analogie, de quelle manière sommes-nous en contact avec ceux qui cherchent un secours en Jésus ? " La question ici est justement où se situe l'analogie, sur quoi devrait elle déboucher pour nous ? Devrions nous nous laisser toucher parce qu'une puissance serait en nous (contact magique) ? Autre exemple, l'approche de Jésus avec la femme samaritaine serait un exemple à suivre quant on s'adresse à un public en postmodernité. Pourquoi Jésus a choisi cette femme ? "Parce cette dame symbolise la postmodernité" (p. 46). Je ne pense pas à la lecture de ce texte dans sa globalité que cette femme baigne dans un pluralisme religieux car elle fait bien la différence entre ceux qui adorent à Jérusalem et ceux qui le font sur le mont Garizim et ne semble pas penser que c'est du pareil au même ou que toutes les vérités se valent. Les analogies sont délicates et il est possible que parfois nous n'échappions pas à l'anachronisme, surtout avec les personnages bibliques. Ceci dit, les principes tirés de l'église primitive en Act 2 à 6 par l'auteur (p. 84) me semblent tout à fait pertinents : principe de solidarité, de non discrimination.
En conclusion : un livre qui encourage, qui motive, et qui nous pousse à réfléchir à la façon dont on annonce l'évangile ainsi qu'aux méthodes utilisées aujourd'hui par l'Eglise, c'est ainsi que Marc Van De Wouwer pense que nous devrions toujours nous poser cette question "Que dit de l'évangile, notre façon de le communiquer ? " (p. 12, c'est l'auteur qui souligne).
Thierry Rouquet
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