Dix-sept ans après la publication de sa biographie sur Robert Baden-Powell (1857 - 1941), Philippe  Maxence, journaliste et écrivain spécialiste du monde anglo-saxon, écrit la première biographie  francophone sur Olave Baden-Powell, l’épouse du fondateur du scoutisme.

Son but est de  « présenter au grand public celle qui n’est trop souvent qu’un nom » (page 291) derrière son mari.

 

Olave Baden-Powell

L'aventure scoute au féminin

Philippe Maxence

Editions Artège

320 pages

20€90

 

Il souhaite la faire connaître pour elle-même, pour son rôle de femme dans le développement du  guidisme, la branche féminine du scoutisme. C’est également l’occasion de montrer comment le  guidisme et son histoire reflètent les évolutions de la position de la femme dans l’histoire de la  société occidentale au cours du 20ème siècle.  

 

Structuré de façon chronologique, la biographie retrace la vie de cette femme avec beaucoup de  détails. De nombreux extraits d’allocutions, de lettres et de journaux tant d’Olave que de personnes  l’ayant rencontrée illustrent la vie de Madame Baden-Powell et sa personnalité.  

 

La cadette des trois enfants de Harold Soames et Katherine Hill, Olave St Clair Soames est née en  1889 dans une famille anglaise aisée.

 

L'auteur retrace son enfance et son adolescence, montrant à  la fois son intérêt marqué pour la musique (le violon), la nature et le monde extérieur, ainsi que les  différentes influences et modèles dont elle a bénéficié au travers d’amis de la famille ou encore de  gouvernantes.

Alors qu’elle a 23 ans et qu’elle voyage avec son père à bord du RMS Arcadian, elle rencontre Robert Baden-Powell, de 32 ans son ainé. Tous les deux nés un 22 février (date retenue plus tard pour le  « Thinking Day » dans le scoutisme), ils se découvrent de nombreux intérêts communs et se lient  d’amitié, au point qu’au moment de se quitter ils se promettent de s’épouser.

 

Quelques mois plus  tard et après de nombreuses hésitations du marié, Olave et ‘Robin’ se marient le  30 octobre 1912. Si beaucoup de scouts avaient émis des réserves à l’encontre du mariage du  chef scout, craignant de le voir accaparé par sa jeune épouse, il s’avère rapidement qu’Olave épouse tout autant le scoutisme et va s’y investir pleinement tout au long de sa vie.  

 

Le guidisme – la branche féminine du scoutisme – avait été adopté spontanément par les sœurs et  amies des premiers scouts dès 1909. Un besoin de formulation, de structuration et de  développement du mouvement est vite apparu, avec toute une réflexion sur la manière d’envisager  le scoutisme pour les filles.

 

Rapidement, Robert Baden-Powell a demandé à plusieurs femmes de son  entourage – dont sa sœur Agnès – d’accompagner ce mouvement. Philippe Maxence retrace cette histoire et  la manière dont les guides ont été difficilement acceptées pour situer par après l’engagement  d’Olave au sein de ce guidisme émergent.  

 

Le reste de la biographie, amplement documentée, rapporte la manière dont Olave s’est  progressivement investie dans le guidisme avec succès, y développant ses nombreuses qualités.  Entreprenante et organisée, Olave se montre à l’aise dans les relations avec des personnes de  milieux, d’âges et d’horizons variés. Beaucoup se souviennent de son sourire et de sa motivation.

 

 

Olave a participé et promut l’évolution des guides par son engagement constant et ses idées  novatrices. Il y aura le développement des centres de formation, l’inauguration de Notre Chalet, l’organisation des premières croisières scoutes ainsi que l’assistance à de nombreuses rencontres  internationales. 

 

L’aventure est nationale, mais également internationale comme en témoigne les nombreux voyages  effectués par les époux à travers le monde.

 

Ainsi l’auteur développe les défis auxquels ils ont été  confrontés, que ce soit en Inde, aux Etats-Unis et Québec, en France ou encore en Afrique, où ils se  plairont au point de construire un bungalow – Paxtu – au Kenya (où Robert Baden-Powell décèdera  en 1941).

 

Il y est question de culture, de traditions et d’impérialisme. Comment faire prévaloir  l’esprit et la fraternité scoutes dans des contextes nationaux différents ? A quel point les idéaux  d’Olave et Robin étaient en accord avec leur époque ou en avance sur celle-ci ? Ces questions sont  abordées en filigrane du texte.  

 

 

Les époux Baden-Powell auront trois enfants, Peter, Heather et Betty et  adopteront les trois enfants de la sœur d’Olave, après le suicide de celle-ci. Ils habiteront dans plusieurs demeures avant de s’installer à Pax Hill, lieu mythique du scoutisme. Les enfants grandissent dans  un cadre et une vie assez libre, proches de la nature.

Chacun des enfants Baden-Powell sera  impliqué d’une façon ou d’une autre dans le mouvement scout. Olave Baden-Powell n’avait pas une fibre maternelle développée et n’était pas très présente auprès de ses enfants, comme le souligne  abondamment Philippe Maxence.

Le livre projette par moment une vision idéalisée de la maternité  qui apporte une teinte moralisatrice au propos.  

 

Après le décès de Robert Baden-Powell en 1941, Olave est en manque de repères. Après la  deuxième guerre mondiale, elle reprend avec acharnement le travail entamé dans l’Europe libérée.  Elle aura de nombreux contacts avec la France et progressivement deviendra la "grand-mère" du  mouvement.

Elle y sera impliquée et active jusqu’à son décès le 25 juin 1977.  

 

Si cette biographie n’est pas un travail universitaire avec une bibliographie exhaustive, elle n’en  demeure pas moins une porte d’entrée assez complète et très agréable à lire pour le grand public  désireux d’en savoir plus.

Le lecteur qui veut approfondir le sujet trouvera de plus amples  informations dans la bibliographie sélective de 15 pages.

Un petit bémol à ce livre bien documenté et  bien écrit : à part l’image de couverture, il n’y a aucune photo ou illustration dans la biographie, ce  qui aurait été un plus pour accompagner la lecture de cette biographie d’une femme peu connue.  

 

Marie Holdsworth