Introduction à l’archéologie biblique

Eric H. Cline - Albin Michel, 2015, 148 p., 8,10 €







Nombreux sont les ouvrages qui confrontent le texte biblique à l’archéologie. Toutefois, entre ceux qui visent à démontrer que «l’archéologie confirme la Bible» et ceux qui expliquent qu’un bon nombre des récits bibliques sont de «pures fictions», le lecteur de la Bible a de quoi être perdu.



Par son ouvrage, Eric H. Cline nous introduit dans le monde de l’archéologie biblique en nous donnant les clés importantes pour comprendre la diversité des approches, et, par conséquent, la diversité des conclusions quant à l’historicité de la Bible.


Introduction à l'archéologie biblique



Introduction à l’archéologie biblique
est la traduction d’un ouvrage paru en 2009 dans la série populaire anglophone ‘A Very Short Introduction’. Publiée par les éditions de l’université d’Oxford, cette série est comparable à la série francophone «Que sais-je?»: chaque ouvrage, rédigé par un spécialiste, permet d’introduire le grand public à un domaine de recherche académique. Le petit livre d’Eric Cline entre bien dans ce cadre éditorial. Rédigé par un éminent spécialiste de l’archéologie du Proche-Orient, il est court, facile et agréable à lire.



L’ouvrage se divise en deux grandes parties.



La première nous résume «l’évolution de la discipline», depuis les premiers aventuriers du 19e siècle jusqu’à l’utilisation récente des analyses ADN ou des images satellites. Ce parcours historique permet, d’une part, de comprendre comment les méthodes d’exploration archéologique se sont affinées au fil du temps. D’autre part, on découvre que les archéologues n’ont pas fouillé la «terre sainte» pour les mêmes raisons. Par exemple, lors de la première guerre mondiale, les explorations des britanniques Woolley et Lawrence (le fameux «Lawrence d’Arabie») servaient de prétexte à une cartographie militaire de la région. Après 1948, le Général Yigael Yadin, héros de la guerre d’indépendance, se transforma en éminent archéologue, tout en utilisant ses découvertes à des fins nationalistes.



Haran

La seconde partie du livre résume les découvertes majeures de l’archéologie en lien avec les récits bibliques, depuis l’époque du déluge jusqu’à celle de Jésus. Eric Cline fait une présentation particulièrement prudente et mesurée des résultats de la recherche. S’agissant d’un ouvrage d’introduction, le spécialiste se retient de présenter son point de vue sur les questions les plus débattues. En ce qui concerne, par exemple, la conquête de Canaan à l’époque de Josué, Eric Cline rapporte les données contradictoires de l’archéologie et en conclut que «la question reste ouverte». De façon surprenante, il ne dit presque rien du débat sur l’historicité des règnes de David et Salomon, alors qu’il est un des meilleurs spécialistes des sites au cœur du débat. Toutefois, il montre que les données archéologiques corroborent largement l’histoire biblique postérieure en ce qui concerne les royaumes d’Israël et de Juda. Quant à l’époque du Nouveau Testament, il rappelle que l’archéologie ne permet pas de prouver l’existence de Jésus, mais qu’elle permet de mieux connaître son époque.



Introduction à l’archéologie biblique remplit tout à fait son rôle en introduisant le grand public à cette discipline scientifique. Si la seconde partie offre au néophyte un résumé sans parti pris des résultats de la recherche, les férus d’archéologie biblique feront aussi quelques «découvertes» en lisant la première partie sur l’histoire de la discipline.



Timothée Minard



Photographie d'illustration : Damien Guillaume - Haran, au sud est de la Turquie, qui pourrait être la vielle de naissance d'Abraham. Extrait de l'ouvrage La Turquie biblique