S ’affranchir de l ’emprise
Personnalités toxiques : Faire face, prévenir, éduquer. Quelle espérance ?
Bernadette Lemoine et Inès Pélissié du Rausas
Editions des Béatitudes, septembre 2017
248 pages - 16 €
Bernadette Lemoine est psychologue et psychothérapeute, co-fondatrice de l’association MCAdS (Mieux Connaître l’Angoisse de Séparation), membre d’une Fraternité de Saint Camille de Lellis.
Inès Pélissié du Rausas est docteure en philosophie et conférencière, enseignante à l’Institut de Théologie du Corps (dont le but est de diffuser l'enseignement de Jean-Paul II renouvelant totalement le regard porté par l'Eglise catholique sur la réalité du corps et de la sexualité).
Professionnelles reconnues et catholiques engagées, elles s’associent pour publier aux Editions des Béatitudes « Personnalités toxiques : Faire face, prévenir, éduquer. Quelle espérance ? »
Toxique ? Que ce mot, qui sert normalement à qualifier un poison ou une substance nocive pour l’organisme, soit appliqué à des personnes m’impressionne toujours.
L’ouvrage se présente comme une conversation entre les deux auteures, entrecoupée de témoignages authentiques. Le lecteur peut donc facilement s’attarder sur les questions qui l’intéressent ou les passages qui le concernent le plus.
Facile à lire et bien écrit, vulgarisant les concepts utiles, comportant de nombreux exemples concrets, ce livre décrit d’abord les mécanismes de fonctionnement des personnalités toxiques et de leurs victimes. Avec un éclairage important sur les pervers narcissiques aux comportements particulièrement destructeurs car souvent à huis-clos. Les phases suivantes de prise de conscience de l’emprise, de libération et de reconstruction sont également traitées.
Nous pourrions d’abord être tentés de dire : encore un ouvrage sur ce thème ! En effet depuis la première définition de la pensée perverse par Paul-Claude Racamier en 1992, puis sa diffusion au grand public par Marie-France Hirigoyen en 1998, articles de presse et livres sur la violence perverse, le harcèlement moral, les relations destructrices, les pervers narcissiques ou autres personnalités toxiques ne se comptent plus.
Pourtant le livre de Bernadette Lemoine et Inès Pélissié du Rausas conserve un double intérêt, lié aux engagements personnels des auteurs :
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Chrétiennes affirmées, elles n’hésitent pas à affirmer l’existence des comportements toxiques dans les associations et mouvements religieux ou dans les Eglises. Les questions abordées le sont parfois dans le cadre du catholicisme (par exemple, la reconnaissance de la perversion narcissique comme cause d’invalidation du mariage par les tribunaux ecclésiastiques ou le respect du vœu d’obéissance des victimes au sein d’une famille spirituelle). Mais généralement, leurs remarques d’ordre spirituel, qui émaillent sans excès le livre, peuvent s’adresser à un public beaucoup plus large (par exemple, la gravité des abus qui vont jusqu’à la manipulation de conscience et ce que doit être l’autorité spirituelle, la forme d’idolâtrie qui existe dans les dépendances toxiques…). Les pages consacrées aux démarches de pardon entrent aussi dans ce cadre.
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Mères de familles nombreuses, dotées d’une forte expérience professionnelle d’écoute des enfants et des parents en difficulté, elles font de l’éducation des enfants une véritable mesure de prévention de la propagation des comportements destructeurs et du mal. C’est pourquoi tout un chapitre est consacré au développement et à la croissance des enfants. En effet, la maturité affective de l’individu est au cœur des comportements équilibrés. Et quand la croissance spirituelle fait aussi partie des préoccupations éducatives des parents, c’est encore mieux.
En conclusion, nous pouvons dire que l’objectif de ce livre est atteint. Les personnes vivant des situations incompréhensibles ou leurs proches y trouveront des éclaircissements et les explications nécessaires. Les familles, les psychologues, les éducateurs et les accompagnateurs spirituels y trouveront une aide précieuse pour bien discerner ce qui se passe parfois derrière les faits qui leur sont racontés.
Le mal quant à lui reste un mystère ….
Brigitte Evrard