LIBERTE ET ALTERITE La lettre de Paul à Philémon
Jean-Marie Thomasseau
2017, 14,90€ - 150 p.
La plus petite Epître de Paul, c’est celle adressée à Philémon. Une courte mais très riche missive. C’est ce que développe dans ce livre, Jean-Marie Thomasseau, Professeur émérite de l’Université Paris 8.
« Quid ad nos ? » s’interrogeaient les Romains. Quel intérêt pour nous ? En quoi cette lettre écrite il y a près de deux mille ans à un riche propriétaire terrien de Phrygie à propos du sort réservé à un esclave fugitif nous concerne-t-elle ? Au premier abord, on peut mettre en avant des visées apologétiques et ecclésiales ou la ramener à n’être qu’un épisode attendrissant et édifiant de la « légende dorée » paulinienne. Ce billet peut cependant se lire comme une leçon d’humanité, la recherche d’une nouvelle altérité » : pour l’auteur, c’est la clé de voûte de cet ouvrage.
C’est un voyage dans l’histoire que nous faisons avec Paul, sur les routes d’Anatolie, à travers des villes et des villages. Nous prenons le même itinéraire que celui d’un maître des consciences devenu fondateur d’une religion dominante.
« L’Ecriture est un jardin public où tous les chrétiens ont le droit de se promener ». Jean-Marie Thomasseau a suivi ce que Paul Claudel revendiquait pour les catholiques lors de la rédaction de ses exégèses bibliques.
Qui n’a pas été séduit, intrigué, interrogatif et curieux vis-à-vis de ce personnage qu’est Paul, longtemps appelé Saul ?
Cette lettre est adressée à Philémon, un païen ( non-juif )converti au christianisme qui offre l’hospitalité dans sa villa des environs de Colosses à une communauté de croyants. Philémon signifie à la fois l’aîné et l’aimable.
Elle repose sur Onésime, principal sujet de cette missive, esclave qui a pris la fuite et est donc passible de graves sanctions mais qui est devenu chrétien sous l’influence de l’Apôtre Paul . Celui-ci invite son maître Philémon à le recevoir comme « frère dans la foi ».
La lettre est certes nommément adressée à Philémon mais aussi à deux de ses proches. La première nommée est Apphia, sa sœur ou sa femme ? On ne sait trop. Le second nommé Archippe, probablement le fils de la maison, porte lui aussi un nom d’origine grecque.
Ce texte, sans doute écrit de la main de Paul, est un appel, c’est en cela qu’il nous interpelle. Une demande expresse et touchante. La réponse de Philémon à la requête de Paul ne nous est pas parvenue. On peut cependant supposer qu’elle a été positive.
Ce livre est un cours magistral d’histoire, de géographie, de sociologie, de philosophie et une ouverture sur le monde qui est le nôtre malgré le temps qui sépare cet écrit de notre humanité.
Je recommande vivement cet ouvrage.
Elisabeth LOUSSAUT