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Paul Ricoeur résume ainsi cet ouvrage : il comporte trois parties nettement délimitées par leur thème et leur méthode (...) Une problématique commune court à travers la phénoménologie de la mémoire, l'épistémologie de l'histoire, l'herméneutique de la condition historique : celle de la représentation du passé. L'auteur dit rester troublé par l'inquiétant spectacle que donne trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire - et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est à cet égard un de ses thèmes civiques avoués.
Difficile, niveau universitaire
Il y a une construction rigoureuse du livre, avec un plan régulier, et un rythme ternaire académique mais pratique. Avant chacune des trois parties il y a une note d’orientation générale qui se dédouble lors des différents chapitres de préludes ou de résumés, ce qui montre un louable effort d’aider le lecteur un peu perdu ! Cela permet d’aborder, de quitter et de retrouver l’ouvrage sans perdre le fil de son raisonnement.
Cce livre constitue une occasion de revisiter la philosophie sur de nombreuses questions essentielles, dont beaucoup sont actuelles. Comment par exemple peut-on envisager de pardonner les responsables de la shoah ou du terrorisme, et quelle mémoire faut-il en conserver ou en cultiver ? Dans ses réflexions érudites, Ricœur témoigne d’une grande capacité à intégrer, adapter et s'il le faut, dépasser ce qui a été écrit par les plus grands philosophes de Platon à Nietzche, de Bergson à Heidegger.
Quel optimisme on perçoit à la lecture de cette somme, avec un sincère désir d’affronter la vie et de contribuer à la construction collective d’un avenir raisonnable. Cela surprend chez un philosophe arrivé au terme de sa vie...
Ricœur l’a magnifiquement exprimé dans son livre posthume (« Vivant jusqu’à la mort ») : « Je m’attends à mourir, je n’attends pas la mort. Je souhaite rester vivant jusqu’à la mort ».