Manuel d’exégèse du Nouveau Testament

Publié le : 2024-03-20 17:46:34

Manuel d’exégèse du Nouveau Testament

On dispose, en français, de plusieurs manuels pour l’exégèse de l’Ancien Testament relativement récents. Ce n’est pas le cas pour le Nouveau Testament puisque les étudiants francophones devaient jusque-là se contenter du petit ouvrage de Max-Alain Chevallier (L’exégèse du Nouveau Testament : Initiation à la méthode)sorti en 1985. Le Manuel d’exégèse du Nouveau Testament de Christian Grappe vient donc combler un manque.

 

 

        

Manuel d’exégèse du Nouveau Testament,

Christian GRAPPE coll. « Le Monde de la Bible n° 79 », Labor et Fides, 2023, 212 p., 19 €

     

Christian Grappe est professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg où il enseigne depuis trois décennies. Spécialiste du Nouveau Testament et de la littérature juive intertestamentaire, il est l’auteur de nombreuses contributions et de plusieurs ouvrages de référence. Il a notamment écrit une Initiation au monde du Nouveau Testament (2010) qui permet d’introduire aux textes et aux contextes du Nouveau Testament.

 

 

    

Christian GRAPPE

     

Avec ce nouvel ouvrage, Christian Grappe met à disposition du plus grand nombre son expérience dans l’enseignement de l’exégèse du Nouveau Testament. Le Manuel d’exégèse du Nouveau Testament est, en effet, une adaptation de son cours d’« introduction à l’exégèse » qu’il dispense depuis plusieurs années à Strasbourg. L’ouvrage s’adresse donc, en premier lieu, à des étudiants en théologie qui débutent dans l’exégèse biblique. Les lecteurs plus expérimentés y trouveront également bien des informations utiles pour aller plus loin dans l’étude des textes du Nouveau Testament.

   

La partie principale du manuel consiste en une « Introduction à la méthode exégétique » (p. 21-160). Christian Grappe compare le travail de l’exégète à celui d’un reporter qui, voulant mieux connaître une ville ou un lieu, décide de l’explorer par lui-même. Cette exploration personnelle pourra se faire en deux grandes étapes.

   

La première phase de l’exégèse consiste en « une première approche » focalisée sur le texte « en tant que tel » (p. 23-99). Cette étape met en œuvre les méthodes d’analyse dites « synchroniques », telles que l’observation de la structure du texte, l’étude du contexte littéraire immédiat du passage, mais aussi l’analyse narrative pour les récits ou l’analyse rhétorique pour les discours. L’auteur inclut également dans cette première phase, la critique textuelle – dont le but est l’« établissement du texte » étudié –, ainsi que la traduction du texte grec vers le français.

   

La deuxième phase permet d’« approfondir la démarche » en tenant compte de la dimension historique du texte (p. 101-137). C’est là que sont introduites les méthodes d’analyse dites « diachroniques » qui sont caractéristiques de l’approche historico-critique. L’auteur donne une belle place à « l’analyse littéraire comparée » (histoire des formes, comparaison synoptique, histoire de la tradition et de la rédaction), à l’étude du contexte historique mais aussi, et surtout, aux phénomènes d’intertextualité (citations scripturaires et « interférences avec d’autres courants religieux ou avec les expressions diverses du judaïsme »).

   

Après ces deux phases durant lesquelles le reporter-exégète fait son enquête par soi-même, vient une troisième phase nécessaire, celle du « dialogue avec autrui » (p. 139-143). Il convient, en effet, de confronter ses observations à celles effectuées par d’autres. Cela passe notamment par la consultation des commentaires bibliques.

   

Enfin, il s’agit de rassembler la matière et de réaliser la « synthèse » (p. 145-160). L’auteur définit ainsi l’objectif de la synthèse : « en quête du sens du passage (discours ou récit) : une proposition ayant vocation à s’épanouir en interprétation » (p. 145-146). Ce chapitre contient également des réflexions « complémentaires » sur les différents « niveaux » de la démarche exégétique. Si le manuel se focalise sur le niveau du texte en son état (niveau III), il pourrait aussi être possible d’essayer de remonter en amont du texte pour tenter de reconstituer les « traditions » qui circulaient parmi les communautés à l’origine des textes du Nouveau Testament (niveau II) ou même de remonter au niveau de « l’événement réel » évoqué par les textes (niveau I). Inversement, on pourrait aussi s’intéresser à ce qui est en aval du texte, à savoir l’histoire de son interprétation au fil des siècles (niveau IV).

   

Tout au long de cette partie principale, l’auteur présente une sélection des outils de référence (textes anciens, dictionnaires, commentaires, etc.). Il faut noter que, à côté des références bibliographiques classiques, Christian Grappe donne une belle place à la documentation électronique (sites internet, logiciels bibliques). On trouve également de nombreux « excursus » développant des éléments de méthode et proposant des tableaux bien utiles, comme celui expliquant les sigles utilisés dans le Nouveau Testament grec de Nestle-Aland.

   

Il faut signaler la place importante donnée au manuel de son prédécesseur à Strasbourg, le professeur Max-Alain Chevallier. Christian Grappe s’y réfère abondamment, le citant parfois de manière extensive.

   

L’ouvrage se poursuit par une « deuxième partie » qui permet d’illustrer la mise en œuvre de la méthode à partir d’une « proposition d’exégèse d’Actes 12 » (p. 161-198). Cette partie sert d’illustration « par l’exemple » de la démarche présentée dans la première partie du manuel.

   

On trouve enfin un « glossaire » qui permettra aux néophytes de comprendre les termes techniques employés au fil du manuel.

   

En résumé, on peut apprécier les nombreuses références, les schémas explicatifs, les tableaux, certaines illustrations bien choisies (comme celle du « reporter ») ainsi que la présence d’un exemple concret d’exégèse à travers l’étude d’Actes 12. Il est assez étonnant que la partie principale du livre – celle consacrée à la présentation de la méthode – soit composée, pour au moins 80%, de tableaux, d’excursus ou d’autres remarques dites « complémentaires ». Toutes ces informations sont utiles et contribuent à aider l’étudiant dans l’étude du texte, mais cela ne laisse que très peu de place à la présentation de la méthode elle-même.

   

Cela dit, ce manuel rendra bien des services aux étudiants en théologie qui débutent dans l’exégèse. Il permettra aussi à tous les exégètes-reporters un peu plus expérimentés de se « mettre à jour ».

   

Timothée Minard

 

 

    

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