L'art pour Dieu ? Une relation d'intimité entre l'artiste et le Christ

Publié le : 2018-06-12 11:04:25
Catégories : Critiques de livres chrétiens Rss feed

L'art pour Dieu ? Une relation d'intimité entre l'artiste et le Christ

Existe-t-il un « art en Christ », qui est nécessairement un art pour Dieu ? Telle est l’interrogation de Jean-Michel BLOCH dans un essai paru aux Editions Maison de la Bible : « L’art pour  Dieu ? ».

Jean-Michel  BLOCH a étudié les lettres modernes. Il est professeur de « Pensée contemporaine » à l’Institut Biblique de Genève. Il collabore avec le collectif d’artistes chrétiens « Majestart ». Sa foi en Jésus-Christ est celle d’un homme engagé. Dans ce livre, a choisi de se concentrer sur la question de l’art dans une perspective de foi chrétienne basée sur les Ecritures.

 

 

L’ART POUR DIEU ?

Jean-Michel Bloch

Editions Maison de la Bible, 2018

239 pages – 15.90 €

Dès l’introduction, il rappelle la nécessité pour tout chrétien de vivre concrètement sa foi. Pour lui, la pratique d’un art en Christ se fonde d’abord sur la relation d’intimité entre l’artiste et le Christ. Les dons artistiques viennent du Créateur et sont donc accordés pour le bien de tous.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur s’appuie sur la Bible dont il n’hésite pas à expliciter brièvement les messages. Ses lecteurs croyants comprendront sa démarche. Les autres pourront apprécier une démarche originale.

Parmi les vingt thèmes abordés, citons la beauté, l’existence, l’exorcisme, la modernité, la nature, la politique, la sainteté, les signes... Pour faciliter l’accès à la lecture, et pour identifier des sujets connexes, on trouve un index thématique très pratique avec une quarantaine de mots-clés comme célébration, geste artistique, jugement, liberté, souci, unité...

S’ajoutent de riches illustrations bienvenues en raison du thème du livre.


Pour définir l’œuvre d’art, l’auteur va retenir la dimension relationnelle de l’œuvre, le fait qu’elle soit proposée au regard de l’autre. En expliquant les facultés qui entrent en jeu dans la réception d’une œuvre d’art, il souligne que s’instaure entre celle-ci et son récepteur une véritable mise en relation. Ainsi, l’artiste chrétien, qui s’inscrit dans la dynamique relationnelle du Dieu trinitaire, a pour mission de créer du lien entre les hommes et avec Dieu.

Sont explorées de nombreuses réflexions de grande richesse autour de l’art en Christ dont il n’est pas possible de relater ici la diversité et la richesse.

«  L’art pour Dieu ? » se lit facilement, car Jean-Michel BLOCH est pédagogue.

Prenons comme exemple le chapitre 11: une œuvre en Christ peut-elle être moderne, ou plus exactement en phase avec son époque ?

L’auteur va d’abord expliquer l’évolution de la lecture des œuvres d’art. A cet effet, il commente trois œuvres très connues: « Ce n’est pas une pomme » de Magritte, « Les pèlerins d’Emmaüs » de Rembrandt et « Infiltration homogène pour piano à queue » de Beuys. Dans une œuvre d’art classique, l’artiste fait passer un message ;   la compréhension se base sur la reconnaissance de ce qui est représenté, avec une seule signification possible. Dans une œuvre d’art moderne, l’artiste n’impose plus de signification. Il ouvre son travail à de multiples interprétations et va parfois encore plus loin, passant de l’art de la représentation à l’art de la présence. Ce propos est illustré avec des œuvres où les objets sont détournés de leur usage normal pour intégrer la sphère artistique («L’urinoir » de Marcel Duchamp),  où ils quittent les musées pour les commerces (les objets du quotidien signés par Ben) où ils existent dès le processus de fabrication (« Anthropométries de l’époque bleue » de Klein). Jean-Michel BLOCH s’appuie ensuite sur les Ecritures pour souligner les défis de l’artiste dont la création est en phase avec son temps.

C’est en chrétien engagé que l’auteur aborde plusieurs thèmes : Que signifie être inspiré pour un artiste en Christ ? (chapitre 7). Doit-il obligatoirement être saint c’est-à-dire positionné pour le bien selon Dieu ? (chapitre 16)

D’autres chapitres font davantage appel à de courtes explications philosophiques. Ainsi, une thèse de Paul Audi et un questionnement sur la vie nourriront la réflexion sur l’art en Christ et l’existence (chapitre 4). La question de savoir si la beauté est une condition nécessaire pour une œuvre d’art en Christ exigera une discussion autour du beau (chapitre 2). Sur l’art en Christ et la valeur, le lecteur retrouvera des réflexions  de Nietzsche sur la crise des valeurs et l’abandon de la référence à Dieu comme valeur active (chapitre 19).

L’auteur offre des éclairages très variés à son lecteur. Par exemple, il distingue l’art pour la vie et l’art pour la mort à partir de deux œuvres: «  Le Cerisier » de Berthe Morisot  et des sculptures de Jan Fabre, notamment sa réinterprétation de « La Pietà » de Michel-Ange (chapitre 20). Il évoque ailleurs le positionnement de l’artiste en Christ, que celui-ci soit confronté à la culture dont il hérite ou qu’il puise à d’autres sources (chapitre 3). Il pose la question des messages politiques portés par l’art (chapitre 13).

Pour conclure, citons encore quatre positions de Jean-Michel BLOCH, qui sont autant d’invitations à prolonger la réflexion.

  • Il est normal que l’artiste en Christ n’aborde plus le thème de la nature comme autrefois.

  • Il doit affirmer des valeurs spirituelles et bibliques bien davantage que des valeurs culturelles.

  • Il ne peut ignorer la question du démoniaque et pourrait par ses œuvres « exorciser » le réel   

  • L’art est révélateur de la vision intérieure de l’artiste.

Je vous encourage à découvrir l’essai de Jean-Michel BLOCH. Vous ne parcourrez plus les salles des musées de la même façon !


Brigitte Evrard



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